Il y a eu l’inflation avec un grand i et le chômage avec un grand c. Il y a eu la mesure obsessionnelle aussi bien de l’inflation que du chômage. Il y a surtout eu la sur-mesure de l’inflation et du chômage au point qu’un jour on s’est demandé s’il ne faudrait pas tout simplement parler de l’inflation des mesures - tant pour l’inflation que pour le chômage - tellement l’afflux de chiffres menait à la démesure des choses que l’on devait a priori mesurer… Déjà, à l’époque, on parlait de crise.
Aujourd’hui la crise est en quelque sorte devenue le voisin de palier de tout individu lambda. On en parle comme si on la connaissait par cœur, on en parle comme si l’on savait le pourquoi, le comment et le quand de la chose.
Il arrive que notre cher voisin de palier à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession s’avère être en réalité un psychopathe pervers un peu pédophile sur les bords. Pourtant notre belle mère l’aime bien, et notre chien aussi. La crise c’est un peu comme notre voisin de palier, on se fait des films, on a l’impression de la connaître et de la reconnaître sans faire la distinction entre l’être et la paraître, la posture et l’imposture…
Si un matin vous vous sentez mal, c’est avec plaisir que vous allez croiser votre voisin dans la cage d’escalier et échanger quelques mots avec lui, peu importe le sujet, que cela soit le temps, la politique, l’équipe de foot régionale ou l’élection municipale, ça vous rassure.
Et bien en ce moment notre voisin de palier tend à devenir une célébrité connue et reconnue, les médias se demandent comment les classes moyennes vivent à ses côtés, comment les plus riches le perçoivent, comment les intellectuels le conçoivent et quelle stratégie les hommes politiques mettent en place pour amadouer ce nouveau venu… On a même l’impression que notre voisin de palier devient envahissant, il occupe toutes les conversations aussi bien sur le marché qu’à la Défense et à l’Elysée…
Malgré tout, comme tout voisin qui peut s’avérer être très pratique lorsqu’il vous dépanne 200 grammes de beurre pour finir votre gâteau au yaourt, notre nouveau voisin de palier commun est extrêmement pratique. Pourquoi ? C’est facile, comme cela a été le cas précédemment avec la mondialisation que l’on rendait responsable de la fermeture de l’épicerie du coin comme du chômage des seniors et même les attentats du 11 Septembre, là c’est la crise avec un grand c qui a repris la suite et à qui l’on attribue tous les maux et par la même occasion tous les mots…
C’est tout de même bizarre, même si l’on a pris conscience que sous ses airs inoffensifs c’était le diable en personne, on continue à parler d’elle en commentant ses caprices qui perturbent l’économie réelle mais sans vraiment se méfier d’elle, comme si avec nous il n’y aurait jamais de problèmes. En parlant d’elle comme si elle faisait partie de notre vie et qu’il fallait en accepter les conséquences on lui implore inconsciemment de rester car si nous sommes dans une crise de confiance, elle, a contrario, est en pleine prise de confiance…
Peut être qu’un matin ou l’on se sentira pousser des ailes on prendra ses jambes –ailes ? – à son cou et l’on ira dénoncer notre voisin, histoire d’arrêter de ne faire que regarder et anticiper les effets pour s’attaquer, enfin, à la cause.
Là ce sera une nouvelle crise, la crise de la crise qui au fond n’en est peut-être pas une en ce sens où les hommes n’habitent pas tous le même immeuble et, par conséquent, n’ont pas tous le même voisin de palier… !
Cela ne m'empêchera pas de faire les interclubs ce weekend à Dunkerque où je nage le... 1500 NL hum génial !
A bientôt,
Guillaume