Ce cycliste n’est définitivement pas comme les autres. Plus qu’un cycliste à part dans le peloton, Lance Armstrong est aussi un homme atypique, charismatique. Qu’on le veuille ou non, cet homme attire l’attention, intéresse, interpelle, fait vendre et fait parler. Certains diront même qu’il fait chier.
Armstrong ce n’est pas Candeloro, on ne l’écoute pas simplement pour raconter son interview à ses collègues le lendemain et rigoler un bon coup à la pause café.
Non, Lance on l’écoute comme on écoute Nicolas Sarkozy, tout simplement parce qu’il a ce petit quelque chose qui fait qu’on l’écoute même si on ne le supporte pas. Même les personnes âgées, qui se foutent éperdument du Tour de France mais qui regardent Vivement dimanche et son cireur de pompes tous les weekend, l’ont regardé pendant une heure dimanche dernier.
En effet, même s’il n’échappe pas aux critiques, il impressionne. Quand on le voit s’exprimer, que l’on soit fan ou pas, on se dit « c’est quelqu’un ».
C’est autre chose que de voir l’interview riche en neurones de Benzema ou Virenque qui utilisent des mots dont on a l’impression qu’ils ne connaissent même pas le sens dans le genre « Oui alors écoutez je pense que au jour d’aujourd’hui je dois précisément vous avouer que nous avons expressément été en carence de réalisme optique face au but, nous avons précisément été euh… enfin nous avons pris euh… pu faire preuve d’un grand esprit d’équipe car tout le monde n’ont pas hésité à se centrer les coudes. Mais le résultat comme vous pouvez constatez est bien et précisément bien là. Celui, de résultat, que nous avons subi au jour d’aujourd’hui est concrètement une défaite déconcertante et peu reluisante au jour d’aujourd’hui. Je pense que concrètement au jour d’aujourd’hui cette victoire ratée reflète mal notre équipe qui joue normalement bien au ballon. J’espère concrètement, vivement et complètement que l’on aura à cœur de mieux faire en fin de la semaine suivant la prochaine, la prochaine semaine je veux dire enfin vous avez compris je pense. On évoluera sérieusement à la maison pour que les supporters soyent fiers de l’équipe et retrouvent des couleurs et… voilà vive le foot, bonjour à Karim et Dédé et un grand merci à ma famille qui a su me soutenir dans les moments faciles comme difficiles car la carrière d’un sportif n’est pas au jour d’aujourd’hui euh… enfin tous les jours une longue rivière tranquille tout au long de notre carrière. Ah oui pi j’oubliais, ma chérie tu veux pas m’épouser bientôt ? C’est dans ces moments présents que j’ai besoin de ta présence, le reste du temps ça va tranquille mais là j’ai concrètement besoin de toi…».
Souvent j’essaie de m’imaginer la réaction des gens qui ne s’intéressent pas du tout au vélo lorsqu’ils entendent à la radio « Demain s’élancera le Tour de France avec notamment Lance Armstrong qui, après une retraite sportive de 3 ans, se battra pour une huitième victoire ». Comment le perçoit-on ? Comme quelqu’un d’extraordinairement fort ? Comme un cycliste « chargé comme tous les autres » ? Comme un mec bien ? Comme un survivant du cancer ? Comme un extraterrestre ? Comme un putain d’amerloque ? Comme un capitaliste ? Comme un con de plus sur cette planète qui chavire ?
Je suis passionné par le « cyclisme professionnel » - aah ce que je suis lyrique quand je m’y mets - et je m’intéresse aussi, de facto, aux affaires de dopage qui secouent le monde des médias.
Cela fait en effet beaucoup plus de boucan dans la presse que dans le peloton puisque, de toute façon, tous les coureurs savent qu’ils peuvent se faire contrôler positif à n’importe quel moment si le produit devient détectable. C’est la règle, si tu te fais chopper tu retournes chez ta mère et pendant 2 ans tu fais la course avec les retraités de ton quartier.
Tu peux aussi essayer de dire que les poches de sang et l’EPO c’est pour la mère de ta grand-mère paternelle du côté de ta mère qui est dépressive et s’est cassé le radius cubitus, mais souvent tu comprends pas pourquoi. Y’en a qui ont dit qu’ils s’étaient pris une cuite au whisky la veille de l’étape aussi, ça marche pas non plus. Une fois que ta punition est terminé c’est pas plus compliqué que ça. Tu repars avec un nouveau produit qui n’est pas encore détectable en disant « j’ai changé » - en politique aussi ça marche… ! – ou « je ne me referai pas avoir parce que c’était à mon insu », et ainsi de suite jusqu’à la prochaine fois si tu meurs pas d’un cancer ou d’une crise cardiaque avant.
En plus c’est plutôt tranquille, il y a souvent un con qui se fait chopper avant toi et qui te permet de voir que tu vas devoir changer de pharmacie.
Vous l’aurez compris, pour moi dopage et cyclisme professionnel vont nécessairement ensemble. Je ne me fais absolument aucune illusion quant aux têtes d’affiche du Tour.
Il n’y a qu’à regarder les études qui sont faites sur l’évolution de la puissance des coureurs dans les cols ou les témoignages de tous ces cyclistes qui ont besoin de parler, besoin de vider leur sac après tant d’années de mensonges. Imaginez le soulagement d’avouer que l’on a menti à des millions de personnes, surtout quand on cherche du soutien pour lutter contre un cancer.
Comment peut-on encore défendre des coureurs tels les frères allumettes – les Shleck -après avoir écouté des gens comme l’extraordinaire Christophe Bassons – le seul coureur à avoir dénoncé le dopage sans avoir été contrôlé positif - ou Jean-Pierre de Mondenard parler du dopage ? Comment peut-on croire, ne serait-ce qu’un instant, à tous ces exploits quand on voit que les temps et moyennes actuelles sont nettement supérieures à celles de Fignon qui, à l’époque, ne se foutait déjà pas que des saucisses moles dans le cul ? Comment peut-on encore croire à ces performances extraordinaires quand on voit que la majorité des coureurs qui se disaient « propres » ont été contrôlés positifs ? Je pense à Basso, Landis, Virenque, Ricco, Fignon, Vinokourov, Rasmussen et j’en passe.
Quand je pense à Armstrong qui, sur le podium du Tour, nous avait fait un discours solennel en nous demandant de croire en ces gens… ça me fait bien rire et ça ne m’étonne pas qu’ils veuillent faire de la politique plus tard, la rhétorique, le storytelling et tout le tintamarre il connaît déjà ça sur le bout des doigts ! Aujourd’hui c’est quand même fou de pouvoir croire que Contador ne se dope pas alors que sur le Tour 2007 il était plus fort que Rasmussen qui, rappelons-le, était chargé comme une mule !
Attention, je ne dis pas non plus, comme certains gras du bide qui montent à 187 pulsations le matin en montant – en descendant même pour certains ! - l’escalier – si tant est qu’ils ne prennent pas l’ascenseur – pour aller à leur bureau et qui ne sont jamais monté sur un vélo, que c’est physiologiquement impossible de faire une étape de 260 kms à 42 km/h de moyenne. Il ne faut pas oublier non plus que ces cyclistes sont des gars qui, à la base, sont extrêmement doués et qui s’entraînent énormément tous les jours.
Pour ceux qui vont dire que « Oui mais Armstrong, lui, il n’a jamais été contrôlé positif », arrêtez de vous toucher, Khol l’a d’ailleurs très bien dit, il s’était lui-même fait contrôlé des centaines de fois avant d’être pris par la patrouille, pourtant il s’est toujours chargé ! Le problème est toujours le même, la fameuse omerta qui fait que quand un mec balance le système on le lynche. Rien de plus facile, on dit que, parce qu’il n’avait pas le niveau, il crache dans la soupe ! La nouvelle mode c’est d’ailleurs de dénoncer ceux qui dénoncent – tout le monde se dénonce, c’est un vrai bordel – le dopage, on dit qu’ils en profitent. C’est le monde à l’envers, pas vrai Jalabert ?
Enfin, et pour conclure, il faudrait que les stations de radio et les chaînes de télévision arrêtent de faire des débats aussi pourris qu’inutiles pour savoir si l’on aura cette année ou pas un « Tour propre ? ». Il faut profiter du spectacle, voilà tout.
Si l’on veut vraiment s’attaquer au gigantesque problème du dopage, on s’y met toute l’année mais on arrête d’inviter je ne sais quel scientifique ou trou du cul une fois par an pour qu’il nous dise que les contrôles ont toujours un temps de retard sur les tricheurs ! Et puis surtout, dans ce cas qu’on ne s’intéresse pas qu’au cyclisme car comme l’a très justement fait remarquer Armstrong, quand Agassi se fait une piqure de cortisone pour revenir jouer son match, tout le monde applaudit des deux mains –cette expression m’a toujours fait rire - en disant que c’est un héros !
Demain je regarderai donc ce « spectacle » parce que ça fait un moment que j’attends ça ! Ca va être énorme de voir les duels entre les favoris ! Après cette logorrhée pas forcément incohérente, j’ai peur de ne pas être crédible mais pourtant c’est vrai, j’adore le Tour de France et demain après-midi j’ai déjà réservé le canapé chez moi (pas la bouffe, je suis au régime et pas la bière j’aime pas ça). C’est juste que je sais à quoi m’en tenir pour le dopage. Le seul truc qui va m’énerver c’est quand je vais entendre le faux-cul de Jalabert parler de dopage, il mériterait des coups d’annuaire sur la gueule notre sélectionneur de l’équipe de France… Et puis de toute façon, même Boonen, pourtant contrôlé positif à la cocaïne hors compétition – c’est lui qui a du embrasser Gasquet, le coquin ! -, sera là alors profitons du spectacle, c’est gratuit sur France télévisions et même sur internet, y’a des patrons qui vont faire la tronche !
Pour ce qui est du vrai vélo, celui où il n’y a qu’un saucisson et une bouteille de pinard symboliques à chaque sommet et où l’on ne développe pas 470 watts dans une bosse, je le retrouve avec plaisir le dimanche matin à Rouelles à 8h30. L’ambiance y est toujours géniale et les performances humaines.
Je tiens à dire pour conclure - et malgré tout ce que je viens de dire – qu’il ne faut pas oublier que le vélo est un sport magnifique, c’est l’école du courage, du travail, du respect et du dépassement de soi. Il ne faut pas faire d’amalgame avec le spectacle que donnent – plus justement qu’on leur demande et autorise presque à donner d’ailleurs - ceux qui roulent pour le classement général au Tour de France.