Après une tôle phénoménalement phénoménale aux régionales, il fallait bien, cahin-caha, tenter de recaresser ses fidèles - mais pas éternels - électeurs dans le sens du poil et ainsi, peut-être, sortir péniblement la tête du petit bassin et de son mètre vingt. Alors du coup, on - que dis-je, il ! - a décidé que l’on allait proposer une loi d’interdiction du port de la burqa dans tous les lieux publics. Les ferventes partisanes de la burqa peuvent donc se préparer psychologiquement à dire adieu aux courses bien au chaud dans le rayon des surgelés et les moins belles d’entre elles vont même devoir demander des astuces à Ribéry ou Benzama pour trouver des mecs à payer pour soulager leurs pulsions les plus coquines.
Et si certaines pensent pouvoir passer entre les mailles du filet – ce qui, entre nous, serait un comble pour des femmes qui sont derrière une bâche noire toute la journée – et continuer à porter l’expression même de leur liberté en tant que femme (sic), c’est mal connaître la police ! La Police avec un grand « p » ne parvient pas à éviter le caillassage d’un bus alors qu’ils sont trente pimpims armés jusqu’aux dents dans des voitures derrière, certes. Mais en revanche, elle excelle dans tout ce qui est arrestation périlleuse de dangereux criminels de 11 ans partant paisiblement en fugue chez leur frère avec le break familial. Alors nul doute qu’à la première cape noir au coin de la rue, Patrick, le bon vieux flic municipal bedonnant qui a pris l’habitude de faire la sortie de l’école à 11h30 et à 16h30 n’hésitera pas une seconde à laisser son passage piéton pour piquer un sprint à la Usain Bolt et ainsi faire respecter la loi en grand justicier des temps modernes. Patrick et son gilet jaune fluo, sous les tonnerres d’applaudissements niais de toutes les mères de famille du quartier, se pâmera alors de faire respecter les règles de la République au sein de son quartier. VPT, qu’ils disent les jeunes !
Décréter que l’on va faire dessaper ces femmes jusqu’alors sans identité c’est peut-être assouvir une volonté aussi profonde qu’utopique, à savoir virer tout ce qui nous horripile chez autrui. Le grand bourgeois ne peut pas voir le roturier, il ne peut pas intégrer psychologiquement cette forme de vulgarité qu’il dégage et semble vouloir faire partager à tout le monde, sa saleté, sa noirceur et sa tristesse qu’il porte en lui et sur lui. A la simple vue de ces mécréants, c’est comme si l’homme digne devait inhaler les exhalaisons pestilentielles des plus grandes hideurs de la nature. Ces personnes n’ont pas attendu Voulzy pour comprendre que l’on ne pourrait pas changer les hommes avec des géraniums et de belles paroles, aussi ont-ils progressivement intégré l’idée qu’il y aurait toujours des hommes qui brillent par essence et d’autres qui empestent par descendance. On dit que l’on s’habitue à la misère, aux miséreux aussi, nécessairement.
Au fil des années, plus que simplement intégrer cette idée, ils ont compris que cette démarcation serait la meilleure façon de pouvoir continuer à briller sans être inquiétés. Alors aujourd’hui, du côté de la brillance et des brillants, dire que l’on veut déshabiller ces femmes intégralement voilées qui sont insupportables à nos petits yeux frileux et dans le fond tellement pouilleux, n’est-ce pas prendre une petite revanche sur une triste histoire et ainsi se donner l’illusion de pouvoir enfin décider de ce à quoi autrui doit ressembler pour mériter d’exister ?