En ce weekend Pascal nous étions donc, avec mon club de Gonfreville, au départ du Tour du Mortainais. Au programme de cette jolie course à étapes dans la suisse normande, il y avait 115 kilomètres le samedi après-midi, 58 le dimanche matin et, enfin, 83 le dimanche après-midi. Cela fait vraiment plaisir de faire de belles courses en deuxième catégorie avec des parcours exigeants et de très bons coureurs venus de tout l’ouest de la France.
Dans la première étape, je monte la première grosse bosse dans les premières positions et passe en premier ou deuxième en haut, avec de bonnes jambes, c’est bon signe ! C’est alors à ce moment là qu’il faut « y aller » ! En effet, si derrière les mecs en chient comme des turcs pour ne pas se faire lâcher dans les bosses, en revanche ils ont souvent besoin de souffler une fois qu’on a « basculé ». Nous partons alors à 7 coureurs, à bloc. J’ai alors un peu peur car faire 100 bornes à ce rythme là, qui plus est à 7, ça aurait vraiment fait – veuillez m’excuser – mal à la gueule ! Heureusement nous nous faisons rejoindre par 11 autres coureurs et nous collaborons pour prendre jusqu’à deux minutes d’avance sur le peloton. Aux alentours du 80ème kilomètre, j’ai un gros gros coup de moins bien, avec la chaleur je n’ai pas assez mangé et j’ai les jambes en coton, quelle erreur – et quelle horreur ! Du coup je subis toute la fin d’étape et je dois me contenter de la 15ème place, sans pouvoir peser sur la fin de course. J’arrive vraiment vidé et en outre pas vraiment rassuré, je me demande alors si j’ai effectivement fait une petite fringale ou si j’étais tout simplement sec de chez sec.
Le lendemain, après une étape matinale rapide mais sans influence sur le classement général, tout le monde sait pertinemment que tout va se jouer sur la dernière étape. Bien souvent sur ce genre de courses, c’est là que de gros écarts se font. A ma grande surprise j’ai des jambes de feu, je suis alors rassuré, dans ma tête je sais qu’hier c’était une fringale. Après 40 kilomètres je me fais piéger dans une bosse, un mec devant saute et un premier groupe s’en va… Très énervé et n’ayant surtout pas envie de me faire enterrer derrière avec les jambes que j’avais, je pars seul et tente de rentrer sur le groupe de devant à 15 secondes. Trois coureurs seulement viendront m’aider, c’est finalement moi qui ramène tout le monde dans la bosse qui suit. Seulement au moment où j’allais faire la jonction, devant ça repart et là je suis à nouveau bloqué. Dommage... Mais bon, un peu plus tard nous prenons une longue côte, environ 3 kilomètres, et là c’est l’apothéose : je retrouve les sensations des cols du stage, en danseuse, une bonne petite réserve de braquet, tout le monde dans la roue. Là ok ça sert à rien mais j’attaque deux fois, juste pour le plaisir de me retourner avec le sourire jusqu’aux oreilles et voir tout le monde derrière, assis sur la selle et la langue sur le guidon ! Finalement l’échappée gardera son avance jusqu’à la fin de l’étape et ce qu’il reste du peloton arrive au sprint malgré le parcours final difficile et de nombreuses attaques.
Finalement je termine donc 16ème au général. Si je suis, certes, un peu déçu de ne pas avoir pu jouer la gagne dans la première étape, je crois que cette course a en revanche été un vrai déclic pour moi. En effet, jamais je n’aurais pensé avoir de telles jambes le deuxième jour d’une course à étapes avec le peu de temps que je passe sur le vélo dans la semaine. Franchement c’était au dessus de toutes mes espérances, c’était fou. Le pire – le plus jouissif en fait – étant que le lendemain (hier) j’ai fait 100 bornes et que je pouvais faire ce que je voulais de mes jambes, vous savez c’était un de ces jours où, quoi que vous fassiez, vous avez l’impression de ne rien sentir, attaques après attaques, c’est comme si vous vous sentiez toujours mieux. Honnêtement c’est en partie pour ça que l’on fait du sport et quand cela arrive, c’est grandiose !
J’espère que cela va arriver de plus en plus souvent, dès vendredi je suis en vacances et je suis complètement mort de faim. Je vais rouler avec autant de plaisir que de haine et d’acharnement, ça fait trop longtemps que j’attends ce moment.
PS : Juste envie de dire un grand Bravo au vainqueur de cette course (Guillaume Martin), un junior qui a l'air naturellement doué et qui ne respire pas la triche à plein nez comme d'autres.
